❝ Délicieuses frayeurs ❞ de Maurice Pons
❝ - Je vois une ville profonde à travers les vitres. Elle a un petit air triste. Elle penche ses toits comme on penche la tête. Seul un grand clocher fait le fier, et ses cloches se baladent dans les ruelles. L’heure est grave : c’est l’heure où la ville hésite entre le jour et la nuit. On voit déjà des lumières dans les maisons du centre, plus impatientes du soir, mais la colline s’attarde aux douceurs du jour. Le brouillard se déshabille lentement pour dormir. Il fera beau demain…
Il faisait beau le lendemain, et Franz raconta chaque jour qui suivit. La ville entière entrait par la fenêtre. Quartier par quartier, elle grandissait à travers les vitres. ❞
Extrait tiré de la nouvelle « La Fenêtre ».
Maurice Pons a une très belle écriture. Un peu poétique, douce et fluide.
Ici, il nous présente un recueil de 9 nouvelles, toutes différentes, mais qui ont pourtant un point commun : une fin que l’on n’attend pas. C’est là qu’est toute la force d’une nouvelle, elle doit être mesurée, bien pensée et surprendre le lecteur pour lui donner à réfléchir. Maurice Pons réussi très bien cela. J’ai reconnu de temps à autre l’impression que j’avais ressentie quand je lisais les nouvelles de Ray Bradbury. Il y a, dans Délicieuses frayeurs, un petit goût d’étrange et de bizarre, qui ne se fait sentir qu’à la fin pour certaines histoires.
On est transporté dans des contrées lointaines qui ne supportent plus le froid, simplement dans une chambre d’hôpital, ou encore en voyage de noce aux côtés d’un jeune couple. Pour en revenir à un marin exalté par son retour sur la terre ferme, un pays en guerre, un homme nostalgique de son amour perdu...
Ce petit livre est une perle, comme on en trouve rarement dans les coquillages.