❝ Les Diaboliques ❞ de Barbey d'Aurevilly
Pas une ici qui soit pure, vertueuse, innocente. Monstres même à part, elles présentent un effectif de bons sentiments et de moralité bien peu considérable. Elles pourraient donc s'appeler aussi "les Diaboliques", sans l'avoir volé... On a voulu faire un petit musée de ces dames, - en attendant qu'on fasse le musée, encore plus petit, des dames qui leur font pendant et contraste dans la société, car toutes choses sont doubles !
Préface par Jules Barbey d'Aurevilly - Paris, 1er mai 1874
Des histoires d'amour bien étranges dans ce recueil de nouvelles. Ici, les femmes ont toutes les qualités d'un homme. Fortes, dures, courageuses, entreprenantes, ce sont elles qui mènent la danse. Diaboliques? Pas exactement. Manipulatrices, vivantes, oui. Il n'est pas question de Diable, mais d'amour, chaque fois. Des amours différents, parfois brefs, non partagés, parfois éternels.
D'Aurevilly a la plume sûre et habile, l'écriture est belle, les tournures parfaites. Le plaisir de se replonger dans de la littérature classique. Mais pourtant une chose vient ternir cet ouvrage : la narration. L'écrivain a fait le choix de faire durer le suspens de ses aventures, de faire trainer le plaisir, de donner envie d'aller jusqu'à la fin, mais dans ce désir d'attente il finit par nous perdre. Entre détails des origines nobles de ses personnages, mise en place du décor... on s'impatiente pour ne découvrir que quelques pages de récit. C'est trop et on risque, tout comme moi, de voir le livre nous glisser des mains pour ne jamais le ramasser.