❝ zacharie l'escarcelle ❞ d'Alexandre Soljenitsyne
❝ Il a plu un peu cette nuit et maintenant le ciel est traversé de gros nuages et de temps à autre il tombe quelques gouttes.
Je suis debout sous un pommier, mais les herbes tout autour embaument après la pluie et aucun mot ne peut exprimer cette odeur sucrée qui imprègne l'air. Je la humeà pleins poumons, je sens cet arômeavec toute ma poitrine, je respire, je respire, les yeux tantôt ouverts, tantôt fermés, je ne sais pas ce qui est le mieux. ❞
Traduit du russe par Lucile Nivat, Georges Nivat et Alfreda Aucouturier
Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur russe (1918-2008) qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1970. Il a été, une grande partie de sa vie, censuré en Russie, ses textes étant trop polémiques, dénonçant les crimes du pouvoir soviétique.
C’est donc avec un œil curieux et neuf que je commence ce petit ouvrage regroupant de très courtes nouvelles. Ou plutôt des impressions. C’est comme cela que je préfère les nommer. Soljenitsyne nous décrit sa Russie, ce froid, ces gens qui vivent, survivent, s’entraident et s’échangent un peu d’humanité. Et puis il y a l’observation. L’observation du monde et de la nature comme une explication de ce que l’être humain peut faire. Comme dans cette nouvelle, "Le caneton", qui se termine ainsi : « Mais jamais, jamais, avec toute notre puissance atomique, nous ne parviendrons à reconstituer en éprouvette, ni davantage à assembler — quand bien même on nous donnerait plumes et os — ce petit canard jaune que voici, minuscule, pauvret, impondérable. »
Car pour Soljenitsyne, l’Homme a fait beaucoup d’erreurs. L’Homme peut être dur, bête, méchant et cruel. Un sujet d’actualité, donc.