❝ Winter ❞ de Rick Bass
❝ Un écrivain dans une vallée de travailleurs. Peut-être la nouveauté de la chose leur permettra-t-elle de me tolérer. Personne ne me demande si j’ai l’intention de passer l’hiver au milieu d’eux ; la formule qu’ils utilisent de préférence, c’est : « Alors comme ça, vous allez essayer de faire l’hiver ici ? »
Après quoi, je serai devenu un habitant du coin — si je tiens le coup. Une fois que j’aurai « fait » l’hiver, je pourrai évoluer avec beaucoup plus d’aisance d’un bout à l’autre de la vallée. Je verrai davantage de choses, j’en entendrai davantage aussi, on se confiera plus volontiers à moi.
Truman Zinn, le copain de Dave, me disait à quel point l’hiver est agréable. « Il ne passera peut-être qu’une camionnette par semaine devant chez vous, et ce sera une vraie fête. Vous l’entendrez arriver de très loin. » ❞
❝ C’est parfois tout à fait merveilleux de découvrir qu’on était dans l’erreur, qu’on est ignorant, qu’on ne sait rien, peau de balle. Comme ça, on peut recommencer. C’est comme la première neige qui tombe chaque année. Elle ne fait aucun bruit, mais c’est la force la plus puissante que l’on connaisse. Plus tard dans l’hiver, les arbres crépiteront, éclateront, se fendront en deux. Les choses s’ouvrent, on apprend. On apprend comment c’est en réalité. ❞
Ce livre, c’est un peu un voyage initiatique, mais dans le sens inverse. Désapprendre la société, s’éloigner d’elle. Retrouver les sensations naturelles.
L’auteur raconte son histoire, il a à peine 30 ans et décide de quitter son Texas natal avec sa femme pour le Montana. Il n’a jamais connu l’hiver, le froid, la neige, le silence. Pour lui c’est une vraie découverte, mais il vient ici pour ça, pour connaître l’hiver, pour savoir ce que c’est que de se retrouver isolé, personne à 40 km à la ronde, pas de téléphone, ni de télé, ni de radio. Il passe ses journées à écrire, couper du bois pour le chauffage et rendre visite aux habitants de la vallée. Des habitants originaux, des mœurs bien différentes de ce qu’il a connu jusqu’alors.
Tout cela le fait réfléchir. Il se pose des questions et nous fait partager sa nouvelle vision du monde et de la nature.
C’est un grand bol d’air frais, un vent froid qui vous glace les cils, mais on ne ferme pas les yeux pour autant. C’est bien trop passionnant comme récit. Bien trop vrai. On arrive à suivre, pas à pas l'évolution de Rick Bass dans ce nouveau monde. On comprend comment il arrive à penser telle ou telle chose, pourquoi il éprouve tel ou tel sentiment. On devient lui, le temps d’un hiver, même si après avoir refermé le livre, on sait que nous, on aura pas besoin de se lever pour couper du bois dans la forêt d’à côté.