❝ Le sommeil des poissons ❞ de Véronique Ovaldé
❝ Il pleut toujours. Toutes les madous sont parties et assoupies. Aucune d'elles ne peut voir les petits mondes qui s'agitent dans la nuit. D'ailleurs, ce n'est plus une histoire de madous ; les hommes devraient se débrouiller des soucis nocturnes. Mais aucune madou, aucun homme ne regarde ce qui se passe du côté de la salle des fêtes. Là-bas, au-dessus des iguanes accrochés au pilotis - faut pas se noyer -, on a installé une petite pièce pour que mes deux rigolos y dorment. Gentille attention. Les madous du Tonnerre y ont mis des palmes de ninacoubray enrubannées autour des tuyauteries - pour faire joli -, elles ont posé leurs tapis tissés couleurs-couleurs et deux matelas feuillus pour le dos. ❞
Véronique Ovaldé, j'ai tout d'abord entendu parler d'elle parce qu'elle est chef de fabrication dans une maison d'édition. Et parce qu'elle a fait les mêmes études que moi, dans la même école. Après ça j'ai découvert qu'elle avait publié des romans alors j'ai voulu voir. J'ai lu Et mon coeur transparent. J'avais bien aimé l'ambiance étrange, mais ce livre n'est pas resté dans ma mémoire, je l'ai vite oublié. Puis je suis retombée sur un de ses livres et cette fois c'est le tout premier qu'elle a écrit, publié en 2000 : Le sommeil des poissons. Et bien peut être le premier mais pas le plus raté. Celui-là est un petit bijou.
On ne sait pas vraiment où ça se passe, on ne sait pas vraiment qui sont ces madous, ces femmes qui vivent sans hommes, qui ont choisi d'accueillir ces derniers seulement à la saison douce. On ne comprend pas bien qui est cette mano, cette femme qui vit avec la maladie grise, on ne sait pas très bien qui est ce Jo, un être immense, colossal, un géant, exploité par ce Bikiti qui l'expose comme un phénomène de foire de villes en villes. On ne comprend pas tout, mais qu'importe. On retient l'odeur de la saison des pluies et des vêtements mouillés, le travail du pétrole, le vent au volant d'une voiture et les soirées entre femmes, entre rêves et espoir.
Véronique Ovaldé nous raconte un conte, dans une écriture nouvelle, aussi étrange que son histoire, aussi surprenante que ses personnages.
Une musique qui rentre bien dans l'ambiance du livre...
Merci à Tulisquoi pour le prêt du livre !