❝ Des bleus à l'âme ❞ de Françoise Sagan
❝ Elle avait installé ses cigarettes à sa droite, près des allumettes, et enlevé ses chaussures. Ce roman policier, quoique un peu trop sordide et peuplé de détectives un peu trop écoeurés, ce roman policier ne l'ennuyait pas. Sébastien, lui, marchait de long en large. Le plaisir de la première surprise passé, ce studio se révélait ridicule, minable, incompatible avec leurs vies. Sébastien commençait à avoir ce qu'on appelle de l'angoisse (en allemand, Katzenjammer). Pour une fois, cela lui arrivait rarement, la sérénité apparente et désinvolte de sa soeur provoquait chez lui un sorte d'énervement, énervement dû beaucoup plus à l'inaction (qu'allait-il faire de lui-même l'instant suivant?) qu'à leur destin en général. ❞
C’est mon premier roman de Sagan. Je ne l’avais jamais encore lu auparavant. Mes impressions sont partagées…
Pour ce qui est de la construction du récit, c’est plutôt original. L’histoire romanesque côtoie la vie de l’auteur qui se découvre et se dévoile devant nos yeux.
D’un côté, Sébastien et Éléonore, frère et sœur inséparables et fusionnels vivent à Paris à la manière de bourgeois désoeuvrés et sans un sou. Ils aiment les mondanités, les rencontres mais plus que tout leur intimité. Des relations amoureuses sans lendemain, de la lecture compulsive pour elle, une vieille riche pour lui, une vie lente et languissante de deux êtres un peu mélancoliques, un peu désillusionnés.
De l’autre, Sagan, ses impressions, sa vie, sa manière de voir le monde, ses coups de gueule et ses prises de position. Elle parle directement au lecteur à découvert et sans tabou, c’est vif, cru et authentique. Elle nous réserve pour la fin le mystère de ce choix narratif. Pourquoi donc entre deux péripéties de ses personnages s’adresse-t-elle à nous ? On ne le découvre qu’à la fin.
C’est un roman facile à lire, fluide, mais qui ne marque pas pour autant les esprits. Sagan n’approfondit pas assez les trais de caractère de ses anti-héros, ne développe pas assez son ressenti personnel. L’écriture survole, frôle mais ne creuse pas. Un choix voulu ? Sûrement. L’impression qui reste est inévitablement une impression d’inachevé. Ce qui peut donner matière à lire un autre de ses romans. Allons-y.