❝ Anouchka ❞ de Noël Roy
❝ Son goût, sa passion pour la bande dessinée lui venait, à l’évidence, de son père, qui lui avait fait découvrir les siennes, celles qu’il lisait à la veille de la Catastrophe, peuplées de justiciers masqués, de magiciens à cape, de chevaliers du cosmos. Elle s’y était plongée avec son autorisation dès qu’elle avait su lire, et elle n’en était jamais remontée. À jamais dans le sein de son père. Sa bibliothèque regorgeait d’albums et de dessins dédicacés, sa conversation rebondissait d’un héro à un vilain, mais, surtout, c’était son existence qui avait fini par s’identifier au neuvième art. Sa vie quotidienne paraissait sortir tout droit d’une planche, son corps d’un carnet de croquis, ses répliques d’une bulle. Pas à mettre entre toutes les mains, bien sûr. Les miennes, oui. ❞
C’est l’amant de cette femme qui raconte. Qui la raconte. À l’imparfait toujours parce qu’elle est morte et laisse derrière elle des souvenirs qui durent, comme tous les souvenirs après une disparition.
C’est court, précis, efficace, plein de poésie, de mélancolie, c’est parfois même inconfortable. Parce que cet amant a des regrets, parce que cet amant se retrouve seul et submergé par la nostalgie, les jours passent et ne se ressemblent pas...